Une initiative du CIS pour la souveraineté alimentaire
Dans le cadre de la réalisation de ses objectifs en matière de souveraineté alimentaire, le Club des Investisseurs Sénégalais (CIS), à travers son Comité Agriculture et Agro-industrie, a mis sur pied une société anonyme (SA) dénommée CIS-AGRO.
Cette société a pour objet de canaliser les efforts de ses membres pour l’investissement dans le secteur alimentaire couvrant les sous-secteurs de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage. Elle pourrait également mener des activités dans les infrastructures liées à la conservation et au stockage ainsi que dans la transformation de nos produits.
Un environnement mondial et national marqué par des crises
Depuis le début de l’année 2020, le monde entier fait face aux effets persistants de la pandémie de la Covid-19, apparue comme un des chocs les plus importants de l’époque contemporaine. Au-delà de sa dimension sanitaire, cette crise a significativement affecté les économies, à travers principalement la diminution des activités de production et d’échanges.
En particulier, la production de biens alimentaires a été particulièrement réduite, en raison des restrictions de l’activité économique dans le secteur primaire. A cette crise s’est ajoutée le conflit russo-ukrainien qui a donné lieu à des destructions de sites de fabrication de biens agricoles et mis en lumière les vicissitudes de la forte dépendance du Sénégal aux produits extérieurs.
Dans le contexte de contraction de l’activité agricole, la persistance de ces crises s’est traduite par une raréfaction des produits vivriers et des contraintes d’accès à l’alimentation de base au Sénégal. Ce phénomène a été exacerbé par les achats de précaution et de spéculation durant les périodes d’incertitude.
Face à cette situation, l’État du Sénégal a exprimé la priorité qu’il entend désormais accorder à la production locale et à la souveraineté alimentaire, en s’appuyant sur ses ressources propres et sur un partenariat renforcé avec le secteur privé national.
Le Sénégal dispose de plusieurs atouts fondamentaux pour relever les défis liés à l’augmentation de l’offre en produits vivriers, notamment :
✅ Des conditions adaptées au développement de trois saisons culturales ;
✅ Une variété de sols adaptés aux cultures céréalières et horticoles ;
✅ Un potentiel hydrique important sous-utilisé, avec environ 4 millions d’hectares de terres arables ;
✅ 35 milliards de m³ d’eaux de surface renouvelables et 4 milliards de m³ d’eaux souterraines.
Par ailleurs, le volontarisme de l’État, à travers des programmes tels que le PNAR, le PCAE, le programme national de l’horticulture et le PROVALE/CV, ainsi que les incitations fiscales et réglementaires, renforce l’attractivité du secteur.
Le Conseil d’administration du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) a approuvé, le 8 juillet 2022 l’octroi d’un prêt de 121 millions d’euros au Sénégal pour la mise en œuvre d’un programme agricole d’urgence au profit de 850 000 petits producteurs, dont 35 % de femmes.
Selon la BAD, cette allocation est un moyen de financer des projets pour réduire la dépendance du Sénégal vis-à-vis de l’extérieur pour les produits de base et les denrées alimentaires. Elle permettra de renforcer le Sénégal dans sa quête de résilience face aux chocs exogènes sur les plans financier, économique, social et climatique, et à maintenir la tendance haussière de la production céréalière observée ces dernières années, notamment en concentrant les efforts sur la disponibilité des principaux intrants auprès des producteurs (semences et engrais).
Ce prêt est le premier qui lance la mise en œuvre sur le terrain de la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de 1,5 milliard de dollars élaborée par la Banque pour faire face à la crise alimentaire qui menace l’Afrique du fait de la guerre russo-ukrainienne.
Cette allocation de financement complète la décision prise le 20 mai 2022 relative à l’adoption d’une facilité qui va fournir des semences agricoles à 20 millions de producteurs du continent. Les variétés concernées sont le blé, le maïs, le riz et le soja.
L’objectif est de produire 38 millions de tonnes de nourriture supplémentaires d’une valeur de 12 milliards de dollars pour les deux prochaines années.
Dénommé « Programme de production alimentaire d’urgence », le programme se décline en trois axes : améliorer l’accès aux semences certifiées et l’appui conseil, améliorer l’accès des exploitants agricoles aux engrais et améliorer la gouvernance et le déploiement des politiques publiques dans le secteur agricole.